Parc de la Yamaska

Un 10 juin ensoleillé, les grives et les parulines chantaient dans le sous-bois du parc de la Yamaska, créé pour protéger les rives du réservoir qui alimente Granby en eau. Étant donné la surface du parc, la plage et le camping, les amateurs de sons de la nature et les misanthropes iront s'y promener en semaine.
Mis à part le chant fluté de la grive solitaire, on y entend le "tipié, tipié, tipié, tipié..." de la Paruline couronnée, une habitante exclusive et commune des sous-bois. Avec un peu de patience et si vos yeux sont sensibles au moindre mouvement, vous la trouverez le plus souvent au sol, patrouillant silencieusement son territoire à la recherche de nourriture. Elle ne le quitte pour une branche basse que pour signaler sa présence par un chant sonore. 

Retour sur le Desmocère

Après avoir lu que les larves du Desmocère à manteau se foraient un chemin au cœur des rameaux du Sureau et les faisaient dépérir, je suis allé regarder d'un peu plus près les quelques nouvelles tiges flétries de notre sureau. Chaque année, le phénomène affecte l'extrémité d'une dizaine de rameaux, tout au plus, et ne semble pas entamer la vigueur de l'arbuste. Je l'avais toujours attribué à un bris accidentel de la tige par le vent ou un oiseau.
Erreur. En examinant les jeunes rameaux, j'y ai effectivement trouvé deux orifices: un, plus petit (environ 2 mm de diamètre), vers le haut du côté de l'inflorescence et un autre, un peu plus gros (3-4 mm de diamètre), vers la base de la nouvelle pousse, juste avant la partie ligneuse de l'année dernière.



Une coupe longitudinale dans la partie médiane de la tige entre les deux orifices permet de constater les dégâts. Sur son trajet, d'une quinzaine de centimètre, la larve a mangé toute la moelle; la partie blanche au centre de la tige visible dans la partie gauche de la photo. La moelle sert en grande partie au stockage des réserves nutritives. Elle est entourée de vaisseaux qui conduisent la sève brute et élaborée. La sève brute vient des racines et ne contient que de l'eau et des sels minéraux, tandis que la sève élaborée vient des feuilles et transportent des produits de synthèse, principalement des sucres et des acides aminés.

Desmocère à manteau, Desmocerus palliatus, Elderberry Borer

Ce coléoptère d'environ 2 centimètres appartient au groupe des longicornes, plus exactement à la famille des Cérambycidés. Comme son nom anglais l'indique, il ne survit qu'à proximité des sureaux. L'adulte se nourrit des feuilles et des fleurs; les larves forent des galeries à la base des grosses tiges jusque dans les racines.


Un cri dans la nuit

Dans la banlieue, à l'heure où le barbecue refroidit et la tondeuse s'endort, seul le ronronnement des  climatiseurs et des filtreurs de piscine se fait encore entendre. Quand soudain, un cri retentit dans le crépuscule. On sait bien qu'il s'agit d'un animal sauvage, mais on ne sait plus lequel et on a peur.


Il n'est pourtant pas méchant celui-ci. À cette saison, il s'agit probablement de deux jeunes ratons laveurs qui se chamaillent, car les adultes s'accouplent en janvier ou février.  Parfois, quand la famille patrouillent la nuit à la recherche de nourriture, on peut aussi entendre un ricanement ou un roucoulement feutré, émis peut-être pour garder le contact et se situer mutuellement.
Dans la séquence vidéo suivante, il y en a justement un, installé dans le bassin, qui cherche à tâtons sous les pierres à la recherche de je-ne-sais-pas-quoi. Pour des grenouilles, c'est encore un peu tôt. Elles ne viendront qu'une fois le bois voisin asséché.





Jour d'orage

Puisque le temps entre l'éclair et le tonnerre est d'environ 4 secondes, et que la vitesse du son dans l'air à 15°C est de 341 mètres par seconde, l'éclair s'est produit à environ 1,4 kilomètres. Ce Qu'il Fallait Démontrer.

Salsifis des prés, Tragopogon pratensis, Salsify

Bel exemple d'héliotropisme. Comme le tournesol, le capitule du salsifis suit le soleil. Aussi, quand ce dernier se couche, il se ferme. Quand il se lève, les rayons du salsifis se déploient et ce, tant que toutes ses fleurs ne sont pas fécondées. Après, il continue à suivre le soleil, mais reste fermé.
Le salsifis n'est pas un indigène du Québec. Il  aurait été introduit en Amérique du Nord, il y a bien longtemps.

Boisé du Tremblay: avant,après

Ce matin, je suis allé faire un tour dans mon voisin, le boisé. L'intention était de dénicher la zone de marais où se ravitaillent les grandes aigrettes des rapides de Lachine, une portion du Saint-Laurent à la hauteur de Montréal.  Pour être franc, nous avions déjà trouvé sa forme cristallisé cet hiver à l'occasion d'une ballade en raquettes et rendez-vous avait alors été pris pour ce printemps. Il est à portée d'oreilles et il nous réveille parfois au son du Butor d'Amérique.
Comme promis, je l'ai retrouvé. Magique comme beaucoup de marais et un régal pour les oreilles attentives. Une image qui n'est probablement pas celle du boisé originel, mais au moins du boisé oublié par l'humain. Dans la séquence vidéo qui suit, on entend plusieurs espèces d'oiseaux: Carouge à épaulettes, Paruline jaune, Paruline masquée, Moucherolle des aulnes, Bruant chanteur, Bruant familier et peut-être une Paruline à flancs marron (mes oreilles ramollissent). Mais j'attire votre attention sur le ping-pong des grenouilles vertes.


Au retour, je suis tombé sur un aménagement destiné à transplanter et à préserver une partie de la population des rainettes faux-grillons qui habitent le boisé et qui empêchent les promoteurs immobiliers de poursuivre l'étalement de la banlieue. La rainette faux-grillon de l'ouest est une petite grenouille protégée parce qu'elle est à la limite nord de son aire de répartition. J'avais entendu parler de ces aménagements dans les médias locaux, Il faut dire que les politiciens, habituellement plus respectueux de leurs investisseurs -  on dit aujourd'hui "développement durable" - se sont gargarisés de ces initiatives rendues incontournables par l'association CIEL, vouée à la défense de l'environnement.
Chapeau aux responsables de CIEL qui se battent dans l'indifférence de la majorité électorale qui ne s'intéresse à l'environnement que pour y construire une maison, un stationnement, un gazon, un arbre exotique et un centre commercial.
À la vue de l'aménagement, pffff est l'onomatopée de découragement qui m'est venue: un trou d'eau géométrique, une bouteille en plastique flottant à sa surface, une végétation rare autour et absente dedans. Les seules traces de vie que j'y ai constatées sont celles de pneus de tout-terrain. À l'automne, elles devraient s'être enrichies de quelques bûches calcinées et de bouteilles de bière vides.
Les promoteurs peuvent se frotter les mains. Une des raisons du ralentissement de l'économie vient de disparaître dans la bonne conscience du devoir de préservation accompli et le compte de taxes pourra bientôt financer la plantation des arbres municipaux. Quel drôle de monde !

Sureau contre la grippe

Le sureau est en fleur, c'est le temps de se préparer en prévision de la saison de la grippe ou du rhume. Les plus gourmands attendront la fin de l'été pour se faire de la gelée ou du coulis avec les baies, qui ont peu de propriétés médicinales, à part peut-être d'être laxatives lorsqu'elles sont consommées fraiches.


Économie d'échelle ou échelle économique

La fin de semaine dernière, ma blonde et moi avons remonté l'Orénoque. Chaleur, air saturé d'humidité, végétation luxuriante, insectes buveurs de sang, grenouille-crocodile et tétards-piranhas, tout y était pour nous faire croire, l'espace d'un instant, que Longueuil (Québec) s'était changée en Tucupita (Vénézuéla).
Comme quoi, pour voyager, il suffit parfois de se pencher. La semaine prochaine, nous explorerons l'Amazone.

Iris versicolore, Iris versicolor, Larger Blue-flag

Nous voulions rendre une petite visite à notre voisin, le castor. À cette époque le boisé du Tremblay est humide et c'est chaussé de nos bottes et armé d'insectifuge que la ballade fut entreprise. Mais, après les orages de la semaine, humide était un euphémisme. Les bottes ne furent pas assez hautes et le castor attendra. Par contre, malgré l'heure tardive et le cagnard, beaucoup d'oiseaux chantaient et se laissaient observer.


Moqueur chat, Dumetella carolinensis, Gray Catbird

Le moqueur chat fréquente les milieux dominés par les arbustes (haie, lisière, clairière). Il doit son nom à son cri qui imite le miaulement du chat. Le chant est une suite de gazouillis hétéroclites enchainés rapidement.
Des trois moqueurs visibles au Québec, c'est le plus commun. Si vous l'entendez, cherchez-le à hauteur des yeux dans les buissons alentour: plumage gris ardoise, calotte noire et sous-caudales brun-roux (les plumes sous la queue, à sa base).

Drave










Le temps d'un orage, le paillis se prend pour une pitoune et laisse admirer ses lignes dessinées par le courant.
Des draveurs, il ne reste rien.   


Tyran huppé, Myiarchus crinitus, Great-crested Flycatcher

En vous promenant dans les bois de l'est de l'Amérique du Nord au printemps, vous serez forcément interpellé à un moment donné par le cri du Tyran huppé au dessus de votre tête: un "ouiiii" sonore le plus souvent, un "trriiii", parfois. Un bel oiseau assez facile à observer, à condition d'être discret.
Dans la séquence vidéo, on entend plus souvent "ouiiii-hip". J'ai été très surpris de constater que le son était produit par deux individus, probablement un couple. Le premier lance le "ouiiii", qui est enchainé immédiatement par le "hip" bref et remontant du second. Le synchronisme est si parfait qu'on croirait entendre un seul cri.

Viréo aux yeux rouges, Vireo olivaceus, Red-eyed Vireo

C'est un oiseau très commun des boisés nord-américains, mais difficile à voir car le viréo aux yeux rouges fréquente principalement la canopée. Le chant est facile à reconnaître; deux ou trois phrases brèves et répétées inlassablement sur un rythme endiablé. Ça pourrait ressembler à : "J'étudie. Je dis, j'étudie. Qu'est ce que je dis ? Je dis que j'étudie."

Paruline flamboyante, Setophaga ruticilla, American Redstart

Tsi, tsi, tsi, tsi, tsiié, c'est la paruline flamboyante. Ne la cherchez pas, je ne l'ai pas vu. D'ailleurs, dans les bois, une fois les feuilles sorties, on se sert plus de ses oreilles que de ses yeux quand on fait de l'ornithologie.
Par contre, il faut se dépêcher et le printemps est la meilleure saison pour se réchauffer les oreilles. Plus tard, beaucoup d'oiseaux ne chanteront plus ou beaucoup moins.
Bien que l'organe du chant, le syrinx, soit toujours fonctionnel, ils ne savent plus s'en servir. Les jours raccourcissent, la production des hormones mâles (androgènes) diminuent et les neurones qui contrôlent le fonctionnement du syrinx régressent. Dans le cerveau, ces neurones du chant sont regroupés en amas, ou noyaux. Des expériences menées chez les canaris ont montré que les noyaux doublent de volume au printemps et qu'on peut reproduire cette augmentation en allongeant artificiellement la durée du jour pendant 3 semaines. Par ailleurs, si on injecte de l'oestradiol, un androgène, à des femelles, le volume des noyaux augmente et elles se mettent à chanter. Finalement, il n'y a peut-être pas une si grande différence entre culture et culturisme.  

Merle d'Amérique, Turdus migratorius, American Robin

Mise à part la couleur du plumage, le Merle d'Amérique ressemble beaucoup au Merle noir (Turdus merula), son congénère européen: mêmes habitudes, même posture, et même leur chant a des airs de famille. Quant au cri, seul un GPS pourrait faire la différence.
Aussi appelé Rouge-gorge par les colons de la Nouvelle-France, il n'a pourtant pas grand chose à voir avec son cousin européen, à l'exception du plumage qui peut éventuellement prêter à confusion après avoir traversé un océan à la voile.

Chèvrefeuille de Tartarie, Lonicera tatarica, Tartarian Honeysuckle

La fleur est définitivement plus puissante que l'épée. En conquérant le monde, ce Tartare a réussi là où Gengis Khan avait échoué.


L'amour sur un compteur électrique

Avant de rentrer du jardin, nous jetons toujours un coup d'œil sur le compteur électrique; non pour contrôler notre consommation, mais pour saluer en passant la couleuvre qui s'y tient parfois. Situé à 2 mètres du sol, elle y grimpe par la clématite et vient probablement chercher la chaleur des briques chauffées par le soleil dans la journée. Cette fois-ci, elle avait un invité.
Avertissement: ce film s'adresse à un public averti. La supervision des parents est conseillée.

Oriole de Baltimore, Icterus galbula, Northern Oriole

Quelle fin de semaine !
D'abord, nos trois colibris sont enfin arrivés. Nous étions un peu inquiets; quand on pèse 3 grammes, la traversée du golfe du Mexique du sud au nord  n'est pas de tout repos, même si les plateformes pétrolières peuvent vous fournir une halte si les vents tournent.
Le Tyran huppé est arrivé lui aussi; à la même date que l'année dernière. Et puis, trois orioles de Baltimore, deux cardinaux à poitrine rose, une paruline à joues grises, les parulines à croupion jaune, une paruline à tête cendrée, une paruline noir et blanc, la paruline couronnée que nous n'avons pas vu mais dont le chant est si caractéristique (tipié, tipié, tipié) qu'on ne peut se tromper. Nous avons aussi entendu à plusieurs reprises le bourdonnement de la paruline bleue (zeur zeur zeur zriiii). Mais surtout, nous avons eu la visite de la paruline à calotte noire. Magnifique ! C'est une régulière, mais nous ne l'avions pas vu depuis 2 ou 3 ans. 
Enfin, nous avons la chance d'habiter sur la route qu'empruntent les grandes aigrettes pour se rendre de leur colonie des rapides de Lachine à une aire d'alimentation pas très loin de chez nous; ce qui fait que tous les matins et tous les soirs en sens inverse, nous en voyons passer au-dessus de la maison...quand elles sont de retour évidemment. Et elles sont de retour.

Quiscale bronzé, Quiscalus quiscula, Common Grackle

La famille des ictéridés, dont fait partie ce quiscale, est exclusivement américaine. Elle regroupe 108 espèces dans 27 genres, réparties dans les trois Amériques. Au Québec, on peut voir le quiscale bronzé, le quiscale rouilleux, le vacher à tête brune, le carouge à épaulettes, le goglu des prés, la sturnelle des prés, l'oriole du nord (ou de Baltimore, il a si souvent changé de nom que je ne sais plus) et, si on est chanceux, un carouge à tête jaune égaré et et un oriole des vergers tout aussi perdu. 
Malheureusement, le quiscale bronzé, et quelques autres "oiseaux noirs" comme la corneille d'Amérique ne sont pas les bienvenus dans la Belle Province. Une vieille loi provinciale permet en effet à quiconque de les tuer entre le 1er juillet et le 30 avril, uniquement parce qu'ils sont considérés comme des nuisibles.
Je suppose que le qualificatif "bronzé" fait référence à la couleur de sa tête. Comme quoi, le spectre du bronze semble relativement étendu: du rouge fin-de-coup-de-soleil au bleu métallique.

Geai bleu, Cyanocitta cristata, Blue Jay

Le jour, tous les oiseaux des alentours viennent boire et se baigner dans le bassin. Aussi, a-t-il été aménagé pour leur faciliter la tâche. Le bassin supérieur, plus petit, est entouré de perchoirs naturels qui constituent une étape indispensable pour s'assurer de l'absence de prédateurs avant le moment de distraction et de vulnérabilité que représente le bain. Dans l'eau, avant la chute vers le grand bassin, une pierre plate descend en pente douce pour que chaque oiseau puisse trouver profondeur à sa taille.
J'avais pour projet de filmer toutes les espèces qui  fréquentent l'endroit. Premier essai, brut de décoffrage, avec le geai bleu. La journée était ensoleillée et les couleurs saturées, un traitement d'image eut été indiqué. Une prochaine fois !
Juste un mot avant de finir. Notez le son que produit le geai sous la douche: can it get satisfaction ?  
Ah oui,  j'oubliais. La nuit, l'oasis de banlieue est aussi un rendez-vous pour les mammifères nocturnes. Nous y avons déjà surpris Goupil et son larron laveur. Une autre prochaine fois.   

Cerf de Virginie, Odocoileus virginianus, White-tailed Deer

L'espace du cariacou se quadrille et s'amenuise, mais le temps, la nuit, lui appartient encore.
Là où hier après-midi je marchais, cette nuit les cerfs broutaient. Il y a, à cet endroit, un tapis de carex qu'une paresse chronique m'a empêché d'identifier.
Mais, puisque des cervidés s'y intéressent, la curiosité du dernier échelon des primates (où devrais-je dire des hominidés dans un respect de la hiérarchie qui ne me ressemble pas) est piquée au vif. Dernier, dans le sens de nouveau-né, mais pas nécessairement d'ultime. Quoiqu'au train où vont les choses...  
S'ils m'en laissent un peu, je ferai un effort.

Moufette rayée, Mephitis mephitis, Striped Skunk

Enfin, la voilà ! Des points de passage dans le grillage qui entoure le jardin et les mousses du jardin retournées nous laissaient supposer qu'une moufette fréquente régulièrement le jardin à la recherche de petits invertébrés. Nous avions même laissé ouvert le terrier creusé l'année dernière par la marmotte en espérant que Miss Mephitis en prendrait possession. Il y a bien eu des tentatives d'aménagement ce printemps, mais pas de preuve formelle d'occupation.
Ce matin, en allant cueillir la caméra dans le jardin, le compteur de vue indiquait sept déclenchements. En dépouillant les vidéos, nous avons trouvé deux passages du même chat, un vieux baroudeur que nous avons surnommé "Gros Père", quatre déclenchements sans image et un avec la moufette. 
Nous avons maintenant la preuve qu'il nous fallait pour lui faciliter la visite en agrandissant les points d'entrée. C'est que nous n'avons pas hérité de cette aversion congénitale et irraisonnée pour l'animal. Le nom latin "exhalaison infecte", deux fois, est un brin exagéré. Certes, si vous la surprenez, elle ne vous parfumera pas au Chanel, mais je ne connais que des personnes qui ont un ami dont l'ami d'un ami a eu un chien arrosé par une moufette. Par contre, il nous est arrivé quelque fois de croiser sa route et nous n'avons jamais eu de problème. Si besoin est, il suffit de se signaler, de respecter une distance courtoise et chacun poursuit son chemin sans encombre.

La p'tite jaune

Cela faisait une semaine que nous arpentions le jardin en espérant rencontrer une des deux couleuvres qui l'habitent. Normalement, elles profitent des premiers rayons de chaleur pour se faire dorer l'écaille sur une pierre du bassin ou sur le bois du patio. Mais on ne sait jamais; il y a des couleuvres qui ne retrouvent jamais le chemin de la surface ou qui choisissent de rester dormir dans leur trou. Parce que tout le monde le sait; une couleuvre, ça ne meurt pas...de mort naturelle en tout cas ! La preuve, avez-vous déjà trouvé leur cadavre. Non, ça change de peau; un point c'est tout.
Toujours est-il que nous commencions à être inquiets de ne pas les avoir encore vues. Mais la couleuvre n'est pas pressée, elle connait bien sa météo et la dernière neige tardive de la fin d'avril lui a donné raison. Elle a donc attendu le dernier dimanche du mois pour se montrer. Comme d'habitude, c'est elle qui nous a trouvés. La p'tite jaune - parce qu'il y a aussi la grosse rouge - faisait une pause au soleil avant de faire la tournée de son terrain de chasse.
     

Prêle des champs, Equisetum arvense, Horsetail

La prêle est riche en silice (SiO2) et en acide silicique (Si[OH]4), la forme soluble dans l'eau. Outre ses usages thérapeutiques, elle était utilisée traditionnellement comme abrasif pour nettoyer la vaisselle. Aujourd'hui, elle est incorporée dans des préparations vendues pour prévenir l'ostéoporose et pour améliorer la santé des ongles et des cheveux.

Peuplier deltoïde, Populus deltoides, Eastern Cottonwood


Impossible de travailler aujourd'hui. Je loue ces propriétaires de VUS qui ont fait tourner leur moteur tout l'hiver dans les stationnements afin de nous offrir un printemps hâtif. Ils ont tellement bien fait que même l'été est en avance: 31° C, un 16 avril. Serait-ce le printemps le plus chaud du siècle ! Les professionnels du superlatif doivent être en train de consulter leur almanach  La météo se prête à une virée au bord du Saint-Laurent, d'autant plus que les radars nous annoncent des "flocks" migratoires. Alors, c'est décidé; aujourd'hui, ce sera école buissonnière. Il faut bien que quelqu'un accueille ces voyageurs du sud. Je débauche ma blonde et en route pour une virée au bord du Saint-Laurent dans le coin de Boucherville.

Comme l'un n'empêche pas l'autre, pendant que les oreilles répertorient les oiseaux, les yeux regardent pousser les fleurs. Qui parle de perte de temps !  Cela nous a permis de constater à quel point les bourgeons du Peuplier deltoïde (ou à feuilles deltoïdes) sont résineux et d'admirer quelques belles tiges fertiles de Prêle des champs.
Demain, après cette belle journée d'été, ce sera à nouveau le printemps !

Baie-du-Febvre

Il y a longtemps que nous n'étions pas aller à Baie-du-Febvre, une belle place pour y observer les oies des neiges en route vers  l'île Bylot, légèrement plus au nord. C'était frisquet, mais ça valait le détour. Nous y avons vu les oies, bien sûr, mais aussi la spécialité locale et rare au Québec, l'Érismature rousse. 
Dans le petit film qui suit, vous allez entendre son chant, qui ne vient pas à proprement parler du canard mais d'un enregistrement répété par un groupe de campeurs ventripotents qui se prenaient pour des photographes animaliers. 

Il ne manquait que la bière !
Si je devais voir les choses du bon côté, je dirais qu'il vaut mieux les voir avec un appareil photo qu'avec un fusil de chasse et qu'après tout, ces photographes-là savaient au moins ce qu'ils photographiaient puisqu'ils faisaient jouer le bon chant. Il y en a tellement d'autres dont la taille de l'équipement n'a d'égal que l'ignorance. Je me suis permis de mettre leur photo puisqu'elle est assez mauvaise pour qu'eux seuls puissent se reconnaître. 
Mais revenons à nos érismatures en pleine pariade. On commence par madame, sobre dans ses couleurs et dans son comportement, suivie par monsieur qui veut impressionner. 


Nous avons eu d'autres belles surprises. Par exemple, dans le dos des photographes, les champs s'étaient transformés en mini Grand-Nord; nous y avons observé une troupe de bruants des neiges, pardon de plectrophanes des neiges, un plectrophane lapon et deux Harfangs des neiges.

Le temps des sucres

Érable est un grand sensible; il pleure de joie au premier signe de réchauffement et rougit à la moindre contrariété. 

 

Les monstres du cabanon, prise 2

Laissez moi d'abord vous planter le décor.
À gauche, tout le monde aura reconnu des roues de vélo. Au sol et au milieu, immédiatement après le halo lumineux, trois tas de graines: du maïs à gauche, des graines de tournesol au centre et de carthame à droite. Au second plan, immédiatement après les graines, une roue plus petite, celle de la tondeuse, une non-motorisée s'il-vous-plait (respect de l'environnement oblige). À gauche de la tondeuse, une bobine de rallonge électrique pour les décorations de Noël (pas trop respectueuses de l'environnement) et le bricolage extérieur (perçage de trou dans les vieilles souches pour les abeilles). À droite de la tondeuse, une première pile de chaises de jardin blanches et juste derrière, une deuxième pile de chaises de jardin, mais vertes. De retour au centre, immédiatement derrière la tondeuse, des tuteurs pour les pieds de tomate; repérez les bien car ils vont avoir de l'importance pour la suite. Bon, je crois que j'ai fait le tour, il ne reste plus qu'à regarder. 
J'attire toutefois votre attention sur le fait, que la Souris à pattes blanches s'est faite une ou un ami, que son nid est au sommet de la pile de chaises vertes (nous l'avons trouvé et elle y va dans la vidéo) et qu'il y a peut-être une autre surprise dans l'entre-toit car, à un moment dans le film, on aperçoit une des souris qui emprunte le montant de bois plus pâle, en diagonale et en arrière plan.

Le monstre du cabanon: prise 1

Hier soir, j'ai inauguré mon dernier gadget: une caméra extérieure HD avec déclenchement infra-rouge et  prise de vue nocturne. C'est mon cadeau de noël, j'avais hâte de l'essayer, mais il fallait que j'attende des températures au-dessus de -10°C. Avec le redoux du faux-printemps de ces derniers jours, je n'ai pas pu m'empêcher d'aller surprendre le monstre du cabanon en pleine action.
Je n'ai pas été déçu. Les 2 grammes de poils de la souris à pattes blanches ont commencé à s'agiter à 21:37 et sont partis se coucher à 6:21 le lendemain matin. Ce soir, je renouvelle l'expérience en modifiant le plateau de tournage afin de mettre un peu plus en évidence la vedette. Je devrais aussi être en mesure de donner un peu plus de détails chiffrés sur la fréquence des visites et la durée de son séjour dans le seau; lequel contient des graines de carthame normalement destinées au couple de cardinal rouge qui fréquente le jardin.
Ce qui est surprenant - mais en même temps ça ne l'est pas vraiment quand on connait un peu les animaux - , c'est la régularité du chemin que la souris emprunte pour rejoindre son nid, nid que nous avons trouvé dans une vieille couverte. Pour l'instant, elle semble seule mais les premiers souriceaux naissent vers la fin mars et, chaque printemps, quand nous nous ré-approprions le cabanon, il n'est pas rare de déloger 3 à 4 souris. 
Une histoire à suivre...

Souris à pattes blanches, Peromyscus leucopus, White-footed Mouse


Pour attraper une souris à pattes blanches, il faut:
  • un cabanon au fond d'un jardin,
  • un seau en plastique dans le cabanon au fond du jardin,
  • un sac en plastique au fond du seau dans le cabanon au fond du jardin,
  • des graines de carthame dans le sac en plastique au fond du seau dans le cabanon au fond du jardin.
Et surtout, ne pas sursauter quand vous plonger la main dans le seau.
Elle est pas "cute" ? On se doutait bien qu'elle venait; elle a laissé traîner des écales par-ci, par-là. Finalement, comme tous les ans, on l'a laissée dans les graines et on lui a ajouté une touffe de coton jusqu'au printemps.


Échange de bons procédés

Tous les ornithophiles du Québec connaissent le magazine Québec Oiseaux. Édité depuis 1989 par le Regroupement Québec OIseaux, c'est un magazine trimestriel de 52 pages en  couleur, beau et rempli d'informations.
En plus, dans le dernier numéro, celui du printemps 2012, Camille Dufresne y décrit joliment le jardin d'où sont tirées plusieurs observations de ce carnet. Vous comprendrez alors pourquoi je n'ai pas pu m'empêcher d'en parler. 

Des mésanges, une sittelle et moi


L'hiver, une ou deux familles de mésanges s'allient avec quelques sittelles, seules ou en couple, et quelques autres insectivores pour patrouiller leur territoire à la recherche de nourriture. 
Il n'est pas difficile de se joindre à la troupe. Le paiement se fait en graines de tournesol et la représentation dure autant que vous le voulez, jusqu'au printemps si vous êtes patients. Après les artistes se disperseront, le temps d'accroître leurs effectifs.    


Wapiti, Cervus elaphus canadensis, Elk


À Jasper (Alberta), pas de radars. Sur les routes, le wapiti est roi et le rut fait loi.
Il fut un temps pas si lointain où "Croupion blanc", comme l'appelle les algonquins, habitait toute l'Amérique du Nord et l'Asie. Aujourd'hui, ses effectifs ont considérablement diminué. Au Québec, on ne s'en souvient même plus.
On a longtemps considéré qu'il était une sous-espèce du cerf d'Europe, le Cerf élaphe (Cervus elaphus), jusqu'à ce que les phylogénéticiens lui confèrent le statut d'espèce à part entière.

Cartes postales d'Alberta

Difficile de s'échapper de l'Alberta: à l'ouest, votre horizon est barré par les Rocheuses; à l'est vos aspirations sont ancrées dans la terre et son exploitation.
Mais après tout, pourquoi le voudrait-on ? Il y en a ici pour tous les goûts. La montagne fait glisser le touriste sportif. La plaine cultive ses céréales et se vide de son pétrole. Les naturalistes, quant à eux, se satisfont de tout...enfin de ce qu'il reste.
Coté Montagne, comment passer à côté du fameux lac Louise ? La réponse est simple, il suffit de s'arrêter au lac Peyto, qui doit son nom au trappeur Ebeneze William Peyto. L'eau y est tout aussi turquoise et le site est grandiose. Une preuve que la roture peut rivaliser avec la noblesse pour atteindre la majesté. La zone de transition entre le glacier et le lac, un mini sandur s'y j'en crois la définition du terme, ajoute à l'intérêt géologique du décor. Pour ceux qui s'interrogeraient sur la couleur de l'eau, elle vient des particules minérales que celle-ci arrache à la montagne. Elles absorbent une partie du spectre solaire pour ne nous renvoyer que le turquoise. Sans rancune !


Côté plaine, les valeurs s'inversent. Être sur le plat, c'est être en haut et pour voir quelque chose, il faut baisser les yeux. L'eau se cache au fond des canyons. Aller à sa rencontre, c'est remonter le temps et risquer de se trouver nez à nez avec un dinosaure.



Albert'eau


L'eau finit-elle toujours par rejoindre l'océan ? Quand elle coule sur le versant est des Rocheuses, ça peut être long. 

Scolytes

Les scolytes sont une famille d'insectes xylophages. Ils pondent leurs oeufs sous l'écorce des arbres ou dans le bois selon les espèces (la petite dépression verticale au centre des motifs). Après l'éclosion, les larves s'éloignent du lieu de ponte en se nourrissant du bois (les glyphes centrifuges).
J'imagine que celles qui ont sillonné l'écorce terrestre à Nazca (Pérou) étaient juste un peu plus grosses.

Lasius minutus

Une promenade dans un secteur différent du Boisé du Tremblay (Longueuil, Québec) m'a permis d'observer une belle colonie de Lasius minutus, à en juger par le nombre et la taille des fourmilières.
Chutttt. Laissons les dormir !

Arboretum Stephen-Langevin

Les observateurs d'oiseaux appelaient l'endroit "La Saulaie" à cause du restaurant du même nom qui le jouxtait. À en juger par les fondations de quelques bâtiments et l'agencement des nombreuses essences d'arbres exotiques qu'on y trouve, l'endroit a une origine anthropique. Combien de temps a-t-il été abandonné ? Je ne saurais le dire, mais la végétation en a profité, et la faune aussi. J'ai déjà eu le plaisir d'y observer quelques petites Nyctales et des Hiboux moyen-ducs. Des Grand-ducs d'Amérique y ont niché. À l'époque - il n'y a même pas une dizaine d'années - leur découverte se méritait car les arbres savaient les protéger.
Aujourd'hui, sous la menace des promoteurs immobiliers, je crois, et la contrainte des écologistes, la ville de Boucherville a décidé d'en faire un parc. Nous y sommes retournés récemment. Qu'il a souffert !
L'homme en a repris possession. Il a marqué son territoire; à l'entrée, un panneau signale qu'il s'agit de l'arboretum Stephen-Langevin, peut-être en l'honneur de ce qu'il a été. Son aménagement a débuté. Persuadé qu'ouvrir un horizon lui donnera de la profondeur de vue, l'homme coupe. La haie de Thuya, jadis si fournie, a été nettoyée. Elle est devenue fantomatique. Et, j'ai peu de doutes sur le sort réservé aux colonies de verge-d'or voisines, probablement du gazon à pique-nique.
En passant, nous n'avons trouvé aucun représentant des strigidés. Mais les hordes d'observateurs d'oiseaux et de photographes peu respectueux se sont chargés de les écarter bien avant les paysagistes. Par contre, nous y avons vu un grimpereau brun (ça faisait longtemps) et un groupe de merles d'Amérique qui se poursuivaient à travers les branches d'un pommetier, le seul qui portait encore ses fruits (va savoir pourquoi).

Saussurée dense, Saussurea nuda ssp densa, Purple Hawksweed

La saussurée, comme toute plante alpine qui se respecte, aime les hauteurs. Celle-ci a été trouvée sur les pentes rocheuses du Mont Whistler (Alberta) au mois de septembre. Elle y vit en compagnie des picas et de quelques lichens, bien au dessus de la ligne des arbres. Elle doit son nom à Horace-Bénédict de Saussure, un naturaliste né dans les Alpes en 1740 qui a identifié les premières espèces du genre.
Sans l'aide de Kim Forster, la, ou une, gestionnaire de l'information du Parc national du Canada de Jasper, elle me serait restée inconnue.