Quelque part sur la rive sud de Montréal

Difficile de profiter de l'automne et de faire craquer les feuilles mortes sous nos pas sans avoir à payer un droit d'accès ou être à la merci d'un coup de fusil ou d'une flèche trop vite décochée.
En cette saison, le bois derrière chez nous se remplit de sportifs camouflés, embusqués et armés qui interdisent aux promeneurs de s'éloigner à plus de 200 mètres de la lisière. Comme si la chasse était un sport ! La chasse n'est ni un sport, ni un droit ancestral. C'est un moyen de se nourrir.
Nous n'avions pas, non plus, envie d'encourager le racket des parcs de la SEPAQ et d'autres organismes du genre qui font payer cher le droit de se promener en nature. Et encore, il ne faut pas s'`écarter des sentiers. Flâner en ville est interdit et marcher dans les bois n'est pas une activité de pauvres.
Le défi était donc de trouver un sous-bois gratuit, sans chasseur, pas trop éloigné et, comble de la difficulté, offrant la possibilité d'observer des strigidés. Difficile mais pas impossible. J'en connais justement un dont l'aspect naturel doit plus à l'abandon qu'à l'origine à en juger par les essences d'arbres qui y poussent (invitation  officielle pour Flora Urbana).
Première impression en arrivant, celle d'une jungle tropicale tant il y avait d'oiseaux qui chantaient. Carouges à épaulettes, étourneaux sansonnets, quiscales rouilleux et merles d'Amérique donnaient un concert  assourdissant. Avec un tel garde-manger, l'espoir de trouver une nyctale, un moyen-duc ou un grand augmentait. 


Deuxième impression: il y avait beaucoup trop de photographes, de ceux qui vous demandent d'identifier l'animal ou la plante qu'ils ont immortalisé avant de la piétiner ou de le faire fuir. Il y en plein les forums internet.
Heureusement, nous avons su esquiver la question habituelle, celle qui a le don de me rendre désagréable: "Et pis, vous avez vu des choses intéressantes ?"
Oui, plein: un merle en hiver, une piste de renard dans la neige, les feuilles qui se ramassent à la pelle en automne, les bourgeons qui débourrent au printemps. Ce n'est évidemment pas la réponse attendue. Ces prétendus artistes animaliers, incapables de produire du beau avec du commun font du banal avec du rare. Ils cherchent le hibou, la chouette, le migrateur rare, l'oiseau exotique perdu ou apporté par une tempête, mais ils ne le voient pas.
Des raretés, j'en ai vu aussi, mais vous ne le saurez pas. N'y voyez rien de personnel mais un coup de flash par un photographe, passe encore. Le problème c'est que vous êtes légion et que la nouvelle se répand comme une traînée de poudre. 
À dire vrai, c'est ma blonde, sceptique quant à nos chances d'observer des strigidés, qui l'a trouvé. Moi, je regardais les pommes; elle, elle voyait le petit-duc. Un tout petit peu plus grand que la nyctale, mais une coche au-dessus dans la chaîne alimentaire. 

Il est dans la photo, trouvez-le.

Mis à part ce petit-duc maculé amateur de pommes, il y avait beaucoup d'autres choses à voir dans les arbres alentour: des mousses, des champignons, des fruits, des nids de guêpes, des nids d'oiseaux et des oiseaux.







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